I never thought I found an ally in you dear sister! | Vichniakoff

Fuir, fuir là maisons, fuir les parents, fuir cette vie qui m’a été imposée pendant trop longtemps. J’ai atteint le point de non-retour, il n’en pouvait être autrement. Je me demande à quoi ils ont pensé en essayant de me séparer de l’homme que j’aime. Comme si mes sentiments envers Lane ne comptait pas, comme si peu importe ce que je leur dit n’a pas d’importance. Je dois simplement être une fille docile qui baisse la tête et acquiesce à tout ce qu’ils disent. Non, c’est assez, j’en ai marre. Je me suis par contre trouvé une alliée en ma sœur. Jamais je n’aurais cru qu’elle pourrait m’aider dans ma démarche de fugue. Je serais partie avec ou sans son aide, mais elle m’a permis de mettre mon plan à exécution plus rapidement. J’ai dû abandonner bien des choses derrière. Mon cahier, mon précieux, mais j’ai espoir de le retrouver aujourd’hui. J’ai passé la nuit chez Lane, mais ne voulant pas le mettre dans le trouble, je suis partie de chez lui tôt ce matin pour ne pas que mes parents me retrouvent. J’ai aussi un endroit où dormir ce soir, grâce à Willow. Sauf que j’avais un rendez-vous avec ma sœur. C’est un peu avant 19h que je suis arrivé au starbuck comme convenu. J’ai pris place à une table libre après avoir passé commande. Mes mains enserrent le gobelet et se réchauffent doucement. Le temps commence à se rafraîchir un peu, je suis contente de ne pas avoir à dormir dehors. Je souris en voyant la tête blonde de ma sœur. Je lui fais un petit signe de main pour qu’elle remarque ma présence. « Salut… tu veux quelque chose je te l’offre… pour te remercier pour hier ! »

Tu avais aidé Lania à s’échapper récemment et pourtant, tes parents ne savaient pas que tu jonglais dans les deux clans. Tu avais prétexté une rencontre pour étudier avec des amis, mais tu savais que tu allais retrouver ta sœur. Ça mettait un baume sur ton cœur pendant que tes parents vivaient la disparition de ton ainée assez intensément. Pour ta part, tu ne faisais que mentir et c’était tout. T’avais trouvé le cahier de ta cadette que t’avais fourré dans tes affaires et t’étais partie toi aussi. Tu entres dans le Starbucks bien fréquenté déjà, vous n’alliez pas vous faire pincer toutes les deux. En voyant ta sœur, tu t’approches d’elle et tu la salues d’un signe de main. Elle t’offre quelque chose et tu secoues la tête négativement. « Pas question. Tu dois garder tes sous pour tout imprévu! » Que tu t’exclames vivement. Tu lui fais un sourire en repoussant sa main. « Donne-moi deux minutes. » que tu lui dis avec un sourire avant de commander un café noir. Moins de calories possibles. Et tu prends une carte-cadeau sur laquelle tu mets un cinquante dollars. Tu payes avec la carte des parents et tu retournes auprès de ta sœur alors qu’elle t’attend à la table. Tu lui donnes la carte. « Tiens, c’est pas grand-chose, mais j’ai dit aux parents que c’était un travail d’équipe et que c’était à mon tour de payer la note. » Que tu lui dis doucement. Ta main se dirige dans ton sac à main et prends quelques billets directement dans ton sac que tu mets directement dans la main de ta sœur que tu refermes comme si c’était de la drogue. « Et j’ai volé ça, ce matin. » Que tu dis. « J’en ai pas besoin. » Que tu confies. Tu envisages même te prendre un petit boulot pour subvenir aux besoins de ta sœur… Mais on te ramène dans le présent. « Alors, ça se passe comment la vie de vagabonde? » Tu esquisses un sourire, t’aurais jamais eu le cran de faire ce qu’elle avait fait.

Je n’ai pas eu à attendre trop longtemps avant de voir ma soeur passer la porte du café. Elle ne tarde pas à se faire un chemin vers la table, refuse mon invitation, je m’en suis douté, mais je me devais quand même de lui offrir. Je prends une gorgée de mon breuvage en attendant ma soeur qui revient bien vite et me tend une carte. Je la prends avec un air interrogatif. “Mais… tu n’éta… merci, en fait merci beaucoup pour tout ce que tu fais. J’apprécie. ” Je la range dans mon sac, pour m’occuper les mains et en fait essayer de reprendre contenance. Je ne sais pas pourquoi elle fait tout ça pour moi, je relève les yeux quand elle me mets dans les mains plusieurs billets. J’écarquille les yeux avant de ranger le tout, ne sachant pas quoi dire pour la remercier. C’est trop et puis j’ai l’intention de prendre un boulot pour pouvoir survivre et je ne sais pas si je vais remettre les pieds au lycée, en tout cas, pas tant que je n’aurais pas tout réglé avec mes parents. Je lui fais un petit sourire avant de répondre. “Pour le moment ça va bien, j’ai un endroit où dormir pour quelque temps. Je ne vais pas rester chez Lane, les parents doivent avoir déjà été voir là si je n’y étais pas. J’ai quitté ce matin… ” Je sens le feu monter aux joues en repensant à cette nuit, ma première nuit avec l’homme que j’aime… Je ne pense pas que je pourrais oublier ce moment. J’ai hâte de pouvoir me blottir de nouveau dans ses bras, je sens aussi cette chaleur dans le bas de mon ventre. “C’était comment quand ils ont découvert ? J’aurais aimé voir leur têtes… Je sens par contre qu’ils risquent de me faire la peau s’ils me trouvent et allo le billet aller simple en direction de Novossibirsk. ” Je ne sais pas combien de temps je pourrais rester caché en vrai, mais je vais me débrouiller.

Ta sœur réagissait presque quasi exactement comme tu te l’avais prédit mentalement. Elle allait l’accepter en te disant que tu n’étais pas obligée, mais là, elle l’acceptait et te remerciait. Tu la gratifiais d’un sourire. « Ça me fait plaisir. » Que tu lui confies gentiment. Ta sœur te disait qu’elle allait bien et qu’elle avait un endroit où dormir. Tu soufflais un peu, elle ne dormait pas sous les ponts et ça te rassurait amplement. Lane… Tu mettais maintenant un nom sur cet homme. Elle avait quitté ce matin, tu hochais la tête. Tu la vois rougir. « Tout va bien? » Que tu lui demandes gentiment, presque naïvement. Elle te demande comment c’était lorsqu’ils ont découvert, tu levais les yeux au ciel. « J’ai dû dire que tu t’étais échappée par la fenêtre quand je dormais. » Que tu commences doucement. « Tu as de la chance s’ils ne t’envoient pas à Verhnezejsk jusqu’à ta majorité. » Que tu lui dis d’un regard sous-entendu. Tes mains entourent ce café bien noir que tu savoures lentement. « J’ai cru que les yeux de папа allaient sortir de leur orbite. Мама a gardé le silence jusqu’à ce que la police arrive. » Tu fermes les yeux. « Après, c’était… Bruyant. Des gens qui sillonnent nos moindres faits et gestes. Des tas et des tas de témoignages et d’entretiens pour chercher la moindre faille. » Toi, t’étais douée avec le mensonge alors ça t’allait plutôt bien. Tu t’étais endormie sur tes livres et ta sœur avait disparue pendant ce temps…

Ce n’est pas toujours évident de changer nos habitudes, d’apprendre à accepter l’aide de celle qu’on avait cru son ennemie depuis notre plus tendre enfance. Je découvrais une personne complètement différente de ce que j’avais pu imaginer. J’ai l’impression que les parents ont beaucoup à voir là dedans, que c’est un peu de leur faute si on a jamais pu être proche. Je leur en veut d’avoir passé leur temps à me comparer à elle, à vouloir que je sois aussi parfaite qu’elle l’est. Je m’ouvre à elle, après tout, c’est grâce à elle si j’ai pu sortir de la maison sans qu’on le remarque, c’est elle qui m’a offert la chance d’aller dormir dans les bras de l’homme que j’aime. Je rougis doucement en parlant de lui. “Oui, tout va bien, même très bien en fait… ” Je mordille ma lèvre levant des yeux pétillants vers elle. “ J’ai eu tu sais… ” Elle n’en dit pas plus, certaine que sa soeur allait comprendre ce qu’elle voulait dire par là. Sauf que sa phrase fit que mon sang se glaça dans mes veines. “Je suis dans la merde… je ne pense pas qu’ils pourront me trouver, mais j’ai peur. Peur autant d’être toute seule là-dedans, mais en même temps, si je retournais à la maison, on m’enverrais en Russie et je ne pourrais plus jamais remettre un pied ici, là-bas, je perdrais Lane et tout ce que j’ai pu construire… “[b]J’ai peur Tania, j’ai vraiment peur… je ne veux plus vivre comme ils l’imposent, j’en peux plus de leurs exigences. Ils se foutent carrément de ce qu’on peut ressentir… Comment tu fais pour tolérer tout ça ? Je vais devenir folle ! ”